Vous avez dit octobre ?

En octobre, la nature sait être généreuse. Elle nous offre notamment un des phénomènes les plus fascinants à observer : la migration des oiseaux. Jean-François Magne, responsable de la délégation LPO Île-de-France, décrypte ce phénomène, tout en vous proposant des idées d’animation en lien avec les oiseaux.
Zoom sur la migration : phénomène fascinant d’octobre
Comment ne pas être fasciné par ces grands mouvements pendulaires effectués chaque année, ces allers-retours entre aires de reproduction et aires d’hivernage ? Encore aujourd’hui, c’est un phénomène rempli de questionnements qui interpellent : comment les oiseaux arrivent à se déplacer sans boussole ? Comment arrivent-ils à déterminer le meilleur endroit pour faire une halte pendant la migration ? Comment savent-ils dans quelle zone passer l’hiver ? Ces questions sont tout autant de comportements mystérieux. Alors, quelle meilleure occasion que la Fête de la Nature pour tenter d’y répondre tout en observant ce phénomène qui touche des millions d’oiseaux ?
Octobre est le paroxysme de l’automne ornithologique. Ce n’est plus l’été, mais avec un peu d’attention vous pourrez encore observer le passage des « nicheurs tardifs », qui ont tendance à élever leurs petits assez tardivement jusqu’en octobre. C’est le cas des merles noirs, des pigeons ramiers, qui selon la latitude sont sédentaires ou migrateurs partiels, ou encore des dernières hirondelles rustiques et de fenêtres qui, en fonction de l’abondance en nourriture et des conditions météorologiques, pourraient avoir entamé leur dernière reproduction tardivement.
La migration, un phénomène fascinant : comment les oiseaux arrivent à se déplacer sans boussole ? Comment arrivent-ils à déterminer le meilleur endroit pour faire une halte pendant la migration ?
Ce n’est pas encore l’hiver, mais la saison est synonyme de l’arrivée des premiers oiseaux hivernants, qui se sont reproduits plus au nord et viennent passer l’hiver en France. C’est le moment de rechercher les premiers passages de grives mauvis, ou d’observer les effectifs plus importants de pinsons du nord ou de tarins des aulnes. Les spécialistes chercheront les sizerins qui passent avec des effectifs très variables. Sur les grands plans d’eau, les premiers canards nordiques arrivent, tout comme les macreuses en mer.
Octobre correspond surtout au départ des visiteurs qui viennent nicher tous les ans et redescendent dans leurs zones d’hivernage. C’est l’époque des gros contingents d’alouettes, de pouillots, de pinsons, rougequeues. La plupart sont des migrateurs partiels : leur migration ne concerne qu’une partie de la population.
Vous pourrez aussi observer certains oiseaux migrateurs qui traversent nos régions pour aller hiverner plus au sud. Certaines espèces viennent du nord-ouest de l’Europe comme les oies cendrées qui parcourent la France sur un axe reliant la frontière belge au sud-ouest de la France et à la péninsule ibérique. C’est aussi le cas des grues cendrées, qui traversent la France sur un large couloir de plus de 200 km, du grande-est au sud-ouest pour aller hiverner en Espagne après avoir passé l’été dans les zones scandinaves. En France elles hivernent en grands nombres dena sle Grand Est (Lac du der) et en Nouvelle Aquitaine (Arjuzanx et Captieux).
Des idées d’animations pour approfondir la découverte de la migration d’octobre
Des animations sur le phénomène migratoire sont faciles à mettre en place. Des sorties sur des zones humides, en bord de lac ou de points d’eau dans les parcs peuvent être organisées afin de tenter d’observer les limicoles, petits échassiers qui s’arrêtent sur les rives lors de leur migration ou les canards migrateurs. Des oiseaux plus discrets peuvent également être recherchés comme la bécassine des marais. Vous pourrez peut-être tenter d’apercevoir la bécassine sourde ou des combattants variés, néanmoins plus rares. C’est aussi l’occasion d’observer les stationnements plus importants de fuligules, et pourquoi pas un garrot à œil d’or ?
Si vous habitez une région dépourvue de grande étendue d’eau, le phénomène migratoire peut être observé à partir de hauts postes d’observation (promontoires, buttes) qui permettent d’avoir une vue dégagée sur le ciel afin d’observer le passage des oiseaux, notamment ceux de la famille des fringillidés comme les sizerins qui viennent du Nord, ou les pinsons des arbres qui quittent la France. Avec des ornithologues aguerris, une animation sur le repérage et l’identification des oiseaux en vol peut être organisée.
Prévoir un temps d’animation sur la construction de mangeoires ravira les oiseaux à l’approche de l’hiver
D’autres animations ne nécessitent pas de connaissances particulières sur les oiseaux. Par exemple, vous pouvez prévoir un temps d’animation sur la construction de mangeoires, qui raviront les oiseaux à l’approche de l’hiver. Pour cela, il est recommandé d’offrir sur un plateau un petit outil qui permet de délivrer des graines aux oiseaux pendant plusieurs jours, afin que les oiseaux puissent se nourrir pendant la période hivernale. Commencez à les installer dès le début d’octobre pour que les oiseaux s’habituent à leur présence. La nourriture préconisée est variée : graines diverses, graines de tournesol, oléagineux, qui permettent d’apporter beaucoup de gras et d’énergie aux oiseaux, afin qu’ils luttent contre le froid et l’hiver.
Certaines espèces se contenteront tout aussi bien d’une vieille pomme. Offrir des vieux fruits aux oiseaux peut aider les migrateurs partiels. C’est le cas de la fauvette à tête noire qui va se gaver de fruits à l’arrivée de l’automne, juste avant de partir en migration pour l’Espagne. Ces activités de nourrissage peuvent donc attirer des oiseaux qui, au départ de leur migration, vont profiter de ce qui est mis à leur disposition.