Parc amazonien de Guyane - Parc national
Le Parc amazonien de Guyane a été créé par le décret n° 2007-266 du 27 février 2007. Plus vaste parc national de France et de l’Union Européenne, il représente une surface de 3,4 millions d’hectares dans le sud de la Guyane. Il est constitué d’une zone de cœur de 2 millions d’hectare, c’est un espace réglementé dans le but de protéger le patrimoine naturel, et d’une zone de libre adhésion de 1,4 millions d’hectare, située en périphérie de la zone de cœur autour des principaux bassins de vie (bourgs et villages), un espace qui associe protection de l’environnement et développement économique local durable. Cinq communes composent le territoire du Parc national, il s’agit de Camopi, Maripa-soula, Papaïchton, Saint-Elie et Saül. Près de 15 000 habitants y résident. C’est le lieu de vie des populations indigènes amérindiennes (Apalaï, Wayana, Wayãpi et Téko), des noirs marrons (Aluku) : esclaves africains réfugiés en Guyane au XIXème siècle et des Créoles (Métis).
Une richesse culturelle
La communauté Wayãpi vit le sur le bourg de la commune de Camopi et le long du fleuve Oyapock (frontière avec le Brésil) jusqu’à Trois-Sauts, village le plus au sud de la Guyane. Les Téko-Emérillons sont aussi présents à Camopi, dans l’est et sur le Maroni dans l’ouest (village de Kayodé et Elahé), ils appartiennent au groupe Tupi-guarani.
Sur le Maroni (fleuve frontière avec le Suriname), ce sont principalement des communautés wayanas qui y sont installées (6 villages environ). Ces communautés amérindiennes représentent environ 1 500 personnes. Ils vivent encore de la chasse, la pêche, la cueillette, l’artisanat et l’agriculture itinérante sur brûlis (abattis). Certains sont employés dans des administrations et ils perçoivent également des prestations sociales de l’Etat français.
Les communautés de noirs marrons (descendants d’esclaves rebelles) sont regroupées autour du bourg de Maripa-Soula et dans la commune de Papaïchton, considérée comme la capitale du pays boni-aluku. Comme les amérindiens, ils vivent aussi de manière traditionnelle et occidentale. Un pied dans la tradition et un autre dans la modernité.
Les créoles, on les retrouve au bourg de Maripa-Soula aussi et à Saül, village du Centre du Parc amazonien de Guyane. Saül est un ancien village d’orpailleurs qui a pris naissance au début du XXème siècle.
Après des années de gestation, de dialogue et d’incompréhension, le parc national est relativement bien accepté par ces populations. Elles sont régulièrement sollicitées par le Parc pour leur connaissance du territoire, des espèces végétales et animales et leurs savoirs et savoir-faire. 70 % des agents du parc national sont issues de ces communautés.
Un patrimoine naturel exceptionnel
Le Parc amazonien de Guyane est phare de biodiversité dans le monde et un gigantesque réservoir de ressources génétiques. Plus de 5200 espèces végétales ont été recensés à ce jour. Le parc national est riche d’une faune de plus de 185 mammifères, près de 300 reptiles et batraciens, environ 720 espèces d’oiseaux, 480 espèces de poissons d’eau douce (40 % de taux d’endémisme) et des centaines de milliers d’insectes. Ce patrimoine forestier témoigne d’une forte naturalité et d’un bon état de conservation, il est un terrain idéal pour la connaissance et l’approfondissement de la recherche scientifique sur les écosystèmes amazoniens. Il s’agit aussi d’assurer la protection des sources et des affluents des deux principaux fleuves frontière de Guyane : le Maroni et l’Oyapock. Il existe dans le parc national des milieux remarquables comme les savanes-roches, les inselbergs et monts forestiers au-delà de 500 mètres d’altitude caractérisés par un très fort taux d’endémisme.
Les enjeux du Parc amazonien en Guyane
Le Parc amazonien de Guyane a pour mission de préserver le patrimoine naturel, de valoriser les cultures traditionnelles et d’accompagner les communautés d’habitants dans la définition d’un projet de territoire et de développement durable dans le respect de leurs modes de vie, puisqu’ils tirent la plus grande part de leurs ressources du fleuve et de la forêt.
Il s’agit de préserver et de valoriser les cultures matérielles et immatérielles des populations du territoire. Le sud de la Guyane est le lieu de vie depuis plusieurs siècles des amérindiens Wayana, Wayãpi et Téko qui étaient nomades mais aussi des noirs-marrons Aluku et des Créoles, depuis la seconde moitié du 19éme siècle. Ces communautés traditionnelles riches de leur héritage culturel, vivent au rythme des fleuves et de la forêt tropicale, dans une étroite relation avec la nature. Leurs savoirs et savoir-faire constituent un patrimoine unique dont la transmission intergénérationnelle est un enjeu capital.
Un des enjeux du Parc national est de favoriser le développement d’activités économiques, locales et durables en concertation avec la population et dans le respect de ses attentes, de ses besoins et ses modes de vie. L’enclavement du territoire, la forte croissance démographique dans les villages et les difficultés sociétales (80% de la population vit des transferts sociaux, peu d’emplois..) incitent ces habitants à chercher d’autres sources de revenus pour répondre à leurs besoins croissants. Les quelques emplois présents dans les communes relèvent essentiellement de la fonction publique. Il s’agit, par exemple, pour le Parc national aujourd’hui de structurer des micro-filières adaptées au rythme et au fonctionnement du territoire et d’accompagner des porteurs de projets dans le domaine de l’artisanat, de l’agriculture vivrière et du tourisme équitable et durable mais aussi d’accompagner les collectivités dans la définition de leur projet de territoire alliant développement local et protection de l’environnement.
Principale Menace
Le problème majeur du parc est l’orpaillage illégal. S’il n’est pas maîtrisé le Parc amazonien de Guyane ne sera pas crédible avec de graves conséquences au plan local (désintéressement et non participation des acteurs et des communautés, dégradation environnementale), régional (outil jugé inutile car inefficace), national (débat environnemental, cf. Grenelle) mais aussi international (ONG, scientifiques, Etats…). L’orpaillage est un grave problème environnemental (destruction des lits majeurs de cours d’eau, colmatage de cours d’eau, turbidité nuisible à l’activité biologique qui entraîne la disparition des poissons, première source de protéines, consommés par les habitants…) mais aussi sociétal car le corollaire de l’orpaillage est l’insécurité, le vol de pirogues, de moteurs, dans les abattis, la raréfaction du gibier par l’activité de braconnage par les garimpeiros, des trafics variés (armes, or, alcool, prostitution…). Enfin, l’orpaillage est un problème de souveraineté nationale.
La lutte globale contre l’orpaillage clandestin est donc le premier défi à relever par l’Etat sur ce territoire. Elle passera par une étroite collaboration avec le Brésil (d’où viennent en majorité les orpailleurs clandestins) et le Suriname.