Pour Marine Jacquin, responsable du programme de science participative Biolit chez Planète Mer, l'hyper-connectivité de notre quotidien ne nous empêche pas d'être de plus en plus déconnectés du vivant qui nous entoure. Ainsi, proposer des moments dans la nature, comme à l'occasion de la Fête de la Nature, apparaît crucial, et permet d'impliquer de nouveaux publics !

Prendre le temps de s'immerger...

Après son Master en environnement marin de l'Université d'Aix-Marseille, Marine Jacquin a orienté ses expériences professionnelles avec un objectif bien spécifique : réussir à faire le lien entre le monde scientifique et les citoyens. Elle avait le sentiment de deux univers qui avaient des difficultés à se comprendre. Même si aujourd'hui elle sent que cela évolue.

« Le monde de la recherche et les citoyens ont beaucoup à s'apporter. Les scientifiques, en partageant leurs avancées, aident à mieux comprendre les phénomènes qui nous entourent. Les citoyens peuvent collecter sur le terrain des informations essentielles à la recherche. Ils font aussi remonter leurs intérêts pour certains sujets d'études. Cette discussion est la clé pour l'avancée de la science. Et pour qu'elle puisse contribuer à une meilleure connaissance du vivant qui nous entoure. C'est la définition que l'on peut donner aux sciences participatives ! C'est pourquoi mon implication au sein du programme BioLit prend tout son sens. »

BioLit (pour Biodiversité du littoral), est un programme de science participative qui permet à quiconque, en toute autonomie, de dresser un portrait de la biodiversité littorale en transmettant ses photos.

Son rôle pour ce programme est essentiel : Marine s’assure que les actions imaginées soient bien menées, bien cadencées dans le temps pour que le programme avance comme il a été imaginé. Elle doit donc poser la stratégie de développement du programme, puis en assurer l’animation. Cela veut dire à la fois animer le réseau de partenaires -car BioLit mobilise des structures qui s'en font le relais sur leurs territoires- mais aussi animer le réseau des scientifiques pour que le programme évolue en fonction des sujets qu’ils étudient. Et son poste comporte aussi une partie de communication et de recherche de financements pour que le programme puisse durer ! Car c’est un projet qui déploie sa richesse sur le temps long.

« Aujourd'hui, j’ai le sentiment que, malgré notre hyper-connectivité, on vit de plus en plus déconnectés du vivant. Beaucoup vivent en ville et n’ont pas d’accès immédiat à la nature. On a moins de temps pour s’immerger dans une forêt, dans un jardin ou sur le littoral. C’est pour cela que proposer des rendez-vous dans la nature est important. Les gens peuvent ainsi s'extraire de leurs habitudes, profiter différemment de ces moments, parfois être accompagnés pour observer avec un nouveau regard. La plage, avant d’être un lieu qu'on visite pour bronzer ou faire des activités, c’est d’abord un lieu où des espèces vivent et qui peut donner plein d’information sur la nature qui vit sous l’eau, quand on sait regarder. »

^{© Nicolas Van Ingen}

Souvent, dans les activités qu'elle anime, au début, on lui dit « Marine, il n’y a rien sur cette plage ! ». Alors que lorsque l’on prend le temps d'observer, à la fin de l’activité, le discours a changé. Les participants arrivent par exemple à identifier une plante sous-marine endémique de la Méditerranée qui s'appelle la posidonie. « Je sais qu’après ça, ils en reconnaîtront la forme, ils connaîtront des histoires sur la plante. Quand j’anime, je trouve important de raconter des anecdotes. C’est ce qui fait que les gens se souviennent. »

Découvrir la nature du littoral, même en vacances !

Pour Marine, la Fête de la Nature est toujours un très beau moyen de mettre en avant les actions que Planète Mer mène au quotidien. Mais surtout de toucher des personnes qui ne sont pas atteintes dans ses communications habituelles. « En 2023, j’ai organisé une sortie pour la Fête de la Nature et les personnes inscrites étaient... des vacanciers ! Ce n'était pas des participants habituels. Ils connaissaient la Fête de la Nature et y avaient déjà participé près de chez eux les années précédentes. Mais jamais sur leur lieu de vacances. Ils ont ainsi découvert un nouveau territoire ! » La Fête de la Nature permet d’identifier des expériences enrichissantes, parfois loin de chez soi. Voilà un exemple de personnes qui n'auraient pu être touchées sans la communication nationale de l'événement.

« Pour les programmes de sciences participatives, c'est une super occasion pour collecter des données naturalistes ! Car c'est sur plusieurs jours et cela encourage vraiment à aller dans la nature. »

Planète Mer est engagée dans la Fête de la Nature depuis 2015. L'association s'y implique en participant au comité de pilotage de l'événement, et en proposant des activités. En 2022, une de ses activités a été distinguée coup de cœur de l'édition ! Une activité "palme masque et tuba", sous la forme d'une journée avec deux autres partenaires pour découvrir le milieu marin et littoral à travers 3 visions : depuis le littoral (avec le programme BioLit), à la surface en kayak, et sous l’eau avec du snorkling.

J’aimerais que la Fête de la Nature prenne encore plus d’ampleur pour inviter les gens à aller dans la nature. Les encourager à profiter, avec un impact minimum, de ces espaces de nature qui sont importants. Et surtout qu'ils se rendent compte du bien-être qu’on peut ressentir face à la beauté de ces environnements.

Planète Mer dans la Fête de la Nature 2024... et au-delà

Pour la Fête de la Nature 2024, Planète Mer organisera au moins une sortie par territoire où elle est implantée (Marseille, Dinard, le secteur de La Rochelle), sur le thème de la découverte bord de mer. Cela lui permettra aussi de collecter des informations pour BioLit.

« Nous allons aussi inciter nos relais de BioLit à prendre part à la Fête de la Nature. Cela restera une suggestion, chaque structure répondra selon son planning ! Mais l'événement nous permet quand même d'offrir cette possibilité de collaborer.

Pour le futur, j’aimerais que la Fête de la Nature prenne encore plus d’ampleur pour inviter les gens à aller dans la nature. Les encourager à profiter, avec un impact minimum, de ces espaces de nature qui sont importants. Et surtout qu'ils se rendent compte du bien-être qu’on peut ressentir face à la beauté de ces environnements. Que cela favorise leur protection, donne envie d'y faire plus attention. Mais aussi, par extension, d'inciter à regarder autrement nos manières de consommer et de nous déplacer, pour minimiser nos impacts sur les milieux naturels. » 

Planète Mer est une association lancée en 2007. Son objectif est d’agir pour retrouver un équilibre durable entre la vie marine et les activités humaines. Pour cela, 3 domaines d’actions ont été établis : protéger la biodiversité marine avec les citoyens, gérer les ressources de pêche avec les pêcheurs, restaurer les milieux dégradés avec les populations locales.

Le programme de science participative BioLit permet de répondre à des questions scientifiques liées à la biodiversité du littoral en mobilisant les citoyens, de sensibiliser ces derniers aux enjeux de la protection du littoral et du milieu marin et leur permettre d'agir pour le préserver, ainsi qu'à mieux connaître et gérer les richesses du patrimoine naturel du littoral français.