Marie Thomas, Réserves Naturelles de France
Directrice de Réserves Naturelles de France, Marie Thomas est particulièrement animée par le fait de repenser notre lien à la nature, partout où cela est possible. Et notamment dans les 359 réserves naturelles qui constituent un réseau d'espaces naturels protégés, véritable support à l'émerveillement.
Marie Thomas est directrice de Réserves Naturelles de France. Géomorphologue de formation, elle a toujours voulu travailler dans l'environnement et la préservation des milieux naturels. Elle s'implique depuis plus de 25 ans dans la protection de l’environnement et de la nature, au service de la recherche, des collectivités et puis plus récemment au sein de Réserves Naturelles de France (RNF). Que ce soit dans l’hexagone, dans les outre-mer ou à l’international, où elle a travaillé, Marie Thomas est particulièrement animée par le fait de repenser notre lien à la nature. « Depuis le début de ma carrière, je sens un décrochage des décideurs et de la société, entre humains et non-humains. Nous sommes de plus en plus derrière des écrans, nous perdons le rapport à la nature qui est à reconstruire. C’est important, car nous défendons ce que nous comprenons. Pour moi c’est un des principaux défis de notre société au regard des changements globaux qui s’accélèrent. »
359 réserves naturelles d’hexagone ou d’outre-mer
RNF est une association de loi 1901. Elle est inscrite au code de l’environnement. Elle fédère en 2024 les 359 réserves naturelles d’hexagone ou d’outre-mer. L’association rassemble une multiplicité d’acteurs, près de 700 membres dont 221 organismes gestionnaires de réserves. Cette communauté active et engagée partage ses connaissances et son expertise au service de la protection de la nature. RNF est, avec d’autres acteurs, à l’origine de la Fête de la Nature. Aujourd’hui, la tête de réseau fédérative assure un relai auprès des gestionnaires de réserves naturelles des idées et outils produits par la dimension collective de la Fête de la Nature. « Nous participons aussi à différents temps forts. Par exemple, nous avons à plusieurs reprises, le temps d’un week-end, célébrer la nature au cœur de Paris, au Jardin des plantes du Muséum national d'Histoire naturelle, aux côtés des gestionnaires de réserves d’Ile-de-France. A notre niveau, nous valorisons très largement les manifestations qui se déroulent sur le terrain dans les réserves naturelles. »
Renouer un lien avec le vivant, c'est une conviction évidente pour Marie. « Être au contact de la nature, cela nous interroge sur notre nature profonde. Cela montre bien que nous faisons partie d’un tout, que cela résonne en nous ». C’est aussi pour elle une manière de se reconnecter à soi-même, de prendre conscience de l’importance de préserver la nature. « Pendant la Fête de la Nature, on met à l’honneur le patrimoine naturel, on apprend à mieux le connaître et le respecter. Le but est de montrer à la société civile, en touchant tous les publics et particulièrement la jeunesse, que nous faisons partie d’un ensemble, nous ne sommes pas isolés du vivant ».
L’éducation et la culture sont essentielles
RNF souhaite contribuer à l'objectif gouvernemental de placer 10% du territoire sous protection forte d'ici 2030. Mais comment faire pour gérer l’acceptabilité sociale ? « On se sent déconnectés alors que ce sont nos fondamentaux ». L’éducation et la culture sont très importantes pour cela, mais sont souvent le "parent pauvre" dans le domaine de l’environnement. Avec notamment des coupes budgétaires conséquentes. « Ceci dit cela fluctue, en ce moment dans le bon sens. Depuis 2021, l'Etat a de nouveau octroyé un fonds dédié à l'éducation et au développement durable pour recruter des éducateurs nature dans les réserves naturelles nationales. Ça nous permet de développer de nouvelles techniques d'animation et de capter un plus large public comme par exemple sous forme de maraudage pédagogique ». C’est important de provoquer un contact sensoriel avec la nature.
Pour Marie, il n’y a pas que les connaissances qui permettent de rétablir un lien, mais aussi l’immersion. Les réserves naturelles sont aussi un des rares organismes à défendre le patrimoine géologique. « C’est quelque chose qui ne se voit pas et dont on ne parle pas, même dans les lois. Pourtant le patrimoine naturel, ce sont les roches, les fossiles, les affleurements, les paysages qui nous entourent. Tous les témoins de l'histoire de la Terre qui devraient être aussi l'affaire de tous. Il faut faire voir ces enjeux dans leur totalité ».
Pendant la Fête de la Nature, on met à l’honneur le patrimoine naturel, on apprend à mieux le connaître et le respecter.
Mettre en lumière l’importance des aires protégées
RNF poursuit son investissement pour l'organisation de la Fête de la Nature car c’est un des rares moments de l’année pendant lequel est mis en lumière l’importance des aires protégées. Cette manifestation est aussi l’occasion pour le réseau de souligner son engagement en faveur de la nature, de valoriser les métiers des personnes gérant ces espaces, de mettre en lumière leur travail quotidien sur le terrain pour protéger, gérer et sensibiliser.
En 2024, les réserves se mobilisent activement sur le terrain pour mettre à l’honneur la nature en accueillant tous types de publics. Cette 18e édition de la Fête de la Nature sera l’occasion de célébrer la beauté et la diversité du vivant qui fait la richesse et l’identité des territoires. Les approches sensibles seront privilégiées pour aussi faire vivre des expériences sensorielles, d’immersion afin de transmettre le sentiment d’appartenance à la communauté du vivant.
« La Fête de la Nature doit se poursuivre dans le format que nous connaissons : gratuité des manifestations, essaimage dans tous les territoires, les villes, les campagnes pour toucher le plus grand nombre de personnes, des publics non-initiés. Il faudrait à l’avenir essayer aussi d’en faire un acte plus politique, en impliquant les élus locaux dans les territoires pour qu’ils deviennent aussi des « ambassadeurs » de la protection de la nature auprès de leurs administrés. »