La parole à Michèle Selig, actrice de la biodiversité
Michèle Selig, propriétaire d’un jardin dans les Pays de la Loire, nous présente son initiative. Les aménagements qu’elle a su mettre en place au sein de son jardin ont permis un retour et un accroissement de la biodiversité environnante. Prenons-en de la graine !
L’association Fête de la Nature : Quel est votre rapport initial avec la nature ? Qu’est-ce qui vous a poussé à transformer votre jardin ?
Michèle Selig : J’ai eu la chance de grandir à la campagne ce qui m’a permis d’évoluer en accord avec la nature. Quand j’étais petite nous allions ramasser les pissenlits, les champignons, l’ail des ours… J’ai toujours vécu au rythme des saisons. Lorsque j’ai acheté ma maison il y a 9 ans, le jardin était en friche suite à un décès. C’était donc le bon moment pour le faire évoluer, l’adapter à ma manière de vivre avec la nature.
L’association Fête de la Nature : Quels sont les aménagements qui ont permis d’améliorer la biodiversité ?
"Ces aménagements permettent d’élargir la biodiversité, qui augmente d’année en année. Et ils peuvent être faits par tous !"
Michèle Selig : Tout d’abord, j’ai commencé avec un tas de bois pour les hérissons, j’ai laissé des coins sans couper l’herbe pour les chenilles, les insectes… Ensuite, j’ai mis en place des mangeoires, des petites bassines avec de l’eau pour les oiseaux, puis des nichoirs. Avec ces aménagements, j’ai pu voir nicher des mésanges charbonnières et des mésanges bleues, ce qui a fait disparaître toutes les chenilles processionnaires ainsi que les pucerons. Puis je me suis mise au projet de création d'une mare : j’ai creusé un trou et construit une cabane-affût semi-enterrée, pour pouvoir observer l'espace. Désormais on peut y voir des grenouilles, des tritons, des libellules qui se reproduisent, des oiseaux… Donc finalement, ces aménagements permettent d’élargir la biodiversité qui augmente d’année en année. Et ces aménagements peuvent être faits par tous ! Par exemple, créer un hôtel à insectes, ou des nichoirs… Ce sont des petites contructions faciles à mettre en place.
"Améliorer la biodiversité dans un jardin relève aussi de « non-aménagements », qui permettent de laisser la nature s’exprimer"
Améliorer la biodiversité dans un jardin relève aussi de « non-aménagements ». Il faut laisser la nature s’exprimer, comme réserver un petit coin de jardin avec du sable afin que les abeilles puissent faire des trous dans le sol, laisser un tas de bois, un coin d’herbes hautes… Et cela n’empêche pas l’esthétisme ! Ainsi, en abandonnant les plates-bandes au profit de bacs en hauteur pour faire de la permaculture et ne pas m'abîmer le dos, j’ai planté du lierre pour garnir ces bacs. Cela permet d’abriter énormément d’insectes. J’ai notamment eu des émergences de libellules, mais aussi des lucanes cerf-volant et divers coléoptères. Évoluer avec la nature demande aussi d’abandonner certaines pratiques, comme l’anti-limace bleu que l’on retrouve souvent dans les jardins et qui est mortel pour le hérisson.
L’association Fête de la Nature : Qu’est-ce que vous souhaitez partager lors de l’ouverture de votre jardin pendant la Fête de la Nature ?
Michèle Selig : J’ai beaucoup de promeneurs qui s’arrêtent à mon jardin régulièrement, ce qui me permet de communiquer toute l’année. Mon jardin n’est pourtant pas très grand mais je reçois des visiteurs qui ont des jardins plus grands sans avoir une telle biodiversité.
La Fête de la Nature me permet d’initier les gens de façon plus durable, en leur montrant mes aménagements, qui ne sont pas des choses compliquées ou techniques, ou en leur faisant goûter mes « mauvaises herbes », sous la forme de tartes ou de pesto. Pourquoi arracher les orties alors qu’on peut les manger ? Toutes ces herbes peuvent être utiles à la biodiversité et même à nous-mêmes. Ainsi, je fais du sirop de sureau avec les fleurs, avec les baies. Je récupère les branches qui sont taillées pour faire des tuteurs ou des aménagements divers.
"Je reçois des visiteurs qui ont des jardins plus grands que le mien sans avoir une telle biodiversité"
J’utilise tout ce qui se trouve dans mon jardin. Parfois avant de manger je fais le tour du jardin et je ramasse ce que je trouve : de la pimprenelle, du nombril de vénus, du pourpier, ou toute autre chose que l’on peut faire en salade.