La parole à Eric Vallé, acteur de la biodiversité

Eric Vallé, botaniste de formation et garde de la Réserve naturelle de la vallée de Chaudefour dans le Puy-de-Dôme, nous présente une initiative de bon sens : la révision des itinéraires de promenades. Cette action a permis le retour d'un équilibre écologique favorable à l'accueil d'espèces qui se faisaient de plus en plus rares. Prenons-en de la graine !
L'association Fête de la Nature : Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à revoir les itinétaires au sein de la réserve naturelle de la vallée de Chaudefour ?
Eric Vallé : A la création de la Réserve naturelle, plusieurs sentiers, balisés ou non, traversaient la vallée de Chaudefour. Les cheminements s’appuyaient sur les limites des parcelles forestières ou les voies d'accès direct et rapide aux crêtes.
Tous ces itinéraires, antérieurs à la création de la Réserve ont été revus pour plusieurs raisons.
La première, la plus visible, était l’érosion. Sur des portions importantes, aux pentes importantes et aux sols fragiles, la végétation avait complètement disparu et les sentiers s’étaient creusés. La progression devenant difficile sur ces tronçons très dégradés, les promeneurs allaient chercher un peu plus de confort en longeant l’axe initial et créaient ainsi un second sentier qui subissait le même sort.
"On a modifié le trajet du sentier, en prenant en compte les exigences de la faune"
La deuxième, moins visible était le dérangement provoqué par le passage répété à proximité de zones de nidification de certains oiseaux. On a alors modifié le trajet du sentier, en prenant en compte les exigences de la faune.
La troisième raison tenait à ce que certains itinéraires traversaient des zones où la flore était particulièrement attractive pour les visiteurs, ce qui pouvait induire un comportement de cueillette et de piétinement.
L'association Fête de la Nature : Quel a été l'impact de cette action ? Quels sont les changements visibles sur la nature ?
Eric Vallé : Si on prend l’exemple d'un des sentiers, sa fermeture a permis de garantir l’équilibre biologique des milieux, la conservation des espèces végétales à forte valeur patrimoniale comme l’Anémone soufrée et une zone de tranquillité pour la faune sauvage (mouflons, chamois, marmottes et certains oiseaux comme le Monticole de roche).
"La fermeture a permis de garantir (...) la conservation des espèces végétales à forte valeur patrimoniale"
D’autre part, certaines portions de ce sentier étaient devenues dangereuses pour les promeneurs, sa fermeture garantit maintenant la sécurité des personnes et limite les zones d’érosion.
L'association Fête de la Nature : Quel message souhaitez-vous transmettre lors de la Fête de la Nature ?
Eric Vallé : Le message principal est de rester sur les sentiers balisés afin de ne pas déranger la faune sauvage et de ne pas cueillir les fleurs. Certaines sont très rares et ne se rencontrent nulle part ailleurs au monde comme la Jasione d’Auvergne, une espèce endémique qui ne pousse que sur la commune où la réserve est située. Et pour mieux apprécier ces belles plantes il est conseillé de faire des photos.
Je souhaiterais également expliquer que le moyen le plus vivant de découvrir la Réserve naturelle reste la visite avec un guide. Le personnel de la réserve a mis en place une labellisation d’accompagnateurs moyenne montagne qui sont de véritables ambassadeurs pour ses gestionnaires !
"On protège bien ce que l'on connaît bien"
L’autre message est d’aller s’informer à la maison de la réserve avant de partir découvrir cet espace protégé. L’information diffusée et le travail de communication ont permis l’accès à ce grand nombre de visiteurs en limitant les atteintes au milieu naturel par la mise en place d’un réseau de chemins protégés. De plus, les visiteurs bien informés d’aujourd’hui seront nos alliés de demain, qui pourront à leur tour porter le message des Réserves Naturelles, et contribuer à la préservation des écosystèmes. Pour résumer : « On protège bien que ce que l’on connaît bien ».