La parole à Amandine Gallois et Claude Daniel, acteurs de la biodiversité
Amandine Gallois, responsable de l’inventaire du patrimoine et de la biodiversité à la ville de Gennevilliers et Claude Daniel, responsable du service espaces verts de la ville nous présentent la transformation du cimetière de Gennevilliers en un véritable parc végétal. Lieu de recueillement mais aussi de protection des espèces, prenons-en de la graine !
Association Fête de la Nature : Pourquoi avoir pris la décision de végétaliser le cimetière ?
Tout a commencé par une réflexion sur l’abandon des pesticides de la part des agents municipaux. L’arrêt des produits phytosanitaires a débuté dans les serres, puis progressivement dans l’espace public. Les désherbants et pesticides contaminent les sols, les nappes phréatiques, les rivières, et l’ensemble des ressources en eau qui constituent une des richesses du patrimoine naturel. Ils ont été progressivement remplacés par des techniques alternatives, comme le paillage des massifs et le débroussaillage.
Nous ne pouvions pas nous contenter d’arrêter les pesticides. Pour que le projet soit accepté il fallait que les usagers voient la transformation. Nous avons élargi la réflexion en nous donnant aussi pour objectif de rendre le cimetière plus agréable pour les habitants. Aujourd’hui, avec plus de 26 000m2 de surfaces plantées, le cimetière de Gennevilliers est un des principaux espaces verts du quartier.
Association Fête de la Nature : Quelles sont les actions menées ?
Dans un premier temps, les gravillons dans les allées ont été enlevés pour engazonner les allées. Les allées sont désormais bordées de tilleuls, d’érables, de cerisiers et d’autres arbres. La surface végétalisée du cimetière a pu ainsi évoluer grâce aux surfaces enherbées. Sur ces zones, l’herbe n’est pas tondue afin de favoriser le développement de prairie. On peut alors y observer des espèces spontanées qui n’existaient pas auparavant à Gennevilliers, des orchidées comme l’orchis pyramidale et l’ophrys abeille. Ces espaces accueillent de nombreux insectes qui nourrissent les oiseaux nichant au cimetière et de petits mammifères comme les hérissons.
Le cimetière a également été travaillé au niveau paysager. Par exemple, l’entrée du cimetière s’est améliorée grâce à un massif fleuri composé d’arbustes aux bonbons, de pavots d’orient, de géraniums, ou encore de roses d’Inde. La création d’un carré militaire arrangé de massifs d’arbustes et de plantes vivaces ou encore le talus bordant le cimetière composé d’aubépine et d’autres espèces indigènes permettent de rendre l’espace agréable pour les usagers et utile à la richesse du patrimoine naturel.
"En plus de la flore, nous avons fait des aménagements pour la faune. Des nichoirs ont été installés pour abriter et permettre l’observation de différentes espèces d’oiseaux comme les mésanges bleues et charbonnières, les grimpereaux des jardins..."
Il fallait aussi adapter nos pratiques d’entretien, notamment en matière de taille et de tonte. Les haies sont par exemple taillées après la floraison pour permettre aux insectes butineurs d’effectuer leur « mission » de pollinisation plus longtemps. Cela nous donne aussi l’occasion de profiter davantage de leurs parfums et de leurs couleurs. Les branches d’arbres et d’arbustes taillées sont quant à elles broyées sur place et déposées dans les massifs pour limiter la pousse anarchique de plantes indésirables et réduire les arrosages.
Ces actions ont été accompagnées d’une réflexion de pilotage sur la gestion différenciée du cimetière. En plus de la flore, nous avons fait des aménagements pour la faune. Des nichoirs ont été installés pour abriter et permettre l’observation de différentes espèces d’oiseaux comme les mésanges bleues et charbonnières, les grimpereaux des jardins... D’autres aménagements ont été mis en place comme des abris à hérissons, qui abritent également des insectes ou des petits rongeurs comme le mulot sylvestre, ou des hôtels à insectes pour héberger les insectes qui se nourrissent des parasites des végétaux.
Association Fête de la Nature : Quels changements visibles sur la biodiversité ont eu ces actions ?
Le cimetière étant un lieu calme, c’est l’endroit rêvé pour la faune ! Les espaces verts offrent gîtes et nourritures aux insectes, oiseaux et petits mammifères.
Ainsi, la faune s’est beaucoup développée. Les talus et autres massifs accueillent régulièrement des espèces comme le pic vert, l’accenteur mouchet, le pinson des arbres et beaucoup de petits mammifères. Nous trouvons régulièrement des traces de renards, de fouines, de lapins, etc.
"Les talus et autres massifs accueillent régulièrement des espèces comme le pic vert, l’accenteur mouchet, le pinson des arbres et beaucoup de petits mammifères. Nous trouvons régulièrement des traces de renards, de fouines, de lapins, etc."
Par ailleurs, le cimetière de Gennevilliers fait parti de l’étude « Cimetières vivants » organisée par l’Agence régionale de la biodiversité en Ile-de-France. Cette étude inventorie la flore spontanée, les pollinisateurs sauvages, les micromammifères et les chauves-souris. Elle s’appuie sur des protocoles de sciences participatives sur une durée de 4 ans.
Association Fête de la Nature : Quel message souhaitez-vous faire passer pendant votre animation pour la Fête de la Nature ?
Afin de sensibiliser les habitants à ces nouveaux aménagements, des panneaux d’information sont mis à disposition sur la faune et la flore présentes dans le cimetière, les méthodes d’entretien, l’arrêt des pesticides. L’objectif est que la population s’approprie le projet afin de mieux le comprendre. Pour la Fête de la Nature, nous avons mis en place un parcours géolocalisé via l'application Explorama pour partir à la découverte de le biodiversité présente dans les abris du cimetière et de la flore spontanée. Une façon ludique de s'intéresser à la dynamique positive du lieu ! La visite se déroulera avec la responsable de l'inventaire du patrimoine de la biodiversité de la ville de Gennevilliers.