Jean-Gabriel Fouché

Scientifique spécialisé en physiologie végétale, Jean-Gabriel Fouché est aujourd’hui à la tête du Conservatoire botanique Pierre Fabre. Sa mission : la sauvegarde de la biodiversité végétale et la recherche pharmaceutique.
« C’est un petit jardin » avance modestement Jean-Gabriel Fouché, directeur du Conservatoire botanique Pierre Fabre. Situé à Cambounet-sur-le-Sor, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Castres (81), ce conservatoire a été créé sous l’égide de Pierre Fabre, fondateur des laboratoires pharmaceutiques du même nom. « Historiquement le groupe s’est développé autour des actifs d’origine végétale et naturelle » précise le directeur. Aujourd’hui, la vocation du conservatoire est double : la sauvegarde des espèces végétales d’une part, la recherche et l’expérimentation botaniques d’autre part. De cette dernière, vous n’apprendrez pas grand-chose en lisant ces lignes. Jean-Gabriel Fouché consent à lâcher qu’il y a actuellement ici « 3 à 4 études en cours. Mais je ne peux pas vous en parler. C’est confidentiel : je ne peux révéler quels seront nos futurs médicaments. »
En botanique, beaucoup reste à découvrir
Le Conservatoire Pierre Fabre est installé au cœur d’un parc de 6 hectares. Le visiteur y découvre d’abord 4 hectares d’un jardin à la française « très ordonnancé » avec ses topières, son gazon où rien ne dépasse « d’une pauvreté botanique épouvantable » et, ça et là, des carrés de prairies sauvages. Au printemps, elles accueillent une « explosion d’espèces » : marguerites, silènes, petits œillets, trèfles, orchidées sauvages, violettes, piloselles… « Cette biodiversité florale nous intéresse. Nous avons des ruches et participons également à un programme du Museum national d’histoire naturelle sur le comptage des abeilles solitaires. » Un peu plus loin : le conservatoire proprement dit et son jardin botanique. Ici prospèrent plus de 1 000 espèces. « Toutes les plantes méritent d’être protégées qu’on leur découvre ou non un intérêt thérapeutique, assure le conservateur. En botanique, beaucoup reste à découvrir. Malheureusement, l’érosion de la biodiversité est une réalité : aujourd’hui, l’homme détruit plus vite qu’il ne découvre. » L’équipe du conservatoire entretient ici des plantes aromatiques, des légumes et des fruits, des plantes médicinales, des plantes toxiques. Parmi elles, la Digitale - « extrêmement dangereuse mais qui a permis d’élaborer les premiers cardiotoniques » - ou la toute aussi dangereuse Belladone dont on a isolé l’atropine qui entre dans la composition de collyres d’examen du fond d’œil. « Ce qui est troublant avec les plantes, c’est qu’en fonction des doses, elles peuvent vous soigner et bien vous soigner - avec sagesse et intelligence – ou tout simplement vous tuer. »
Utiles ou non à l’homme, toutes les plantes doivent être sauvegardées
D’extraordinaires stratégies pour vivre bien et longtemps
Au fond du jardin, deux serres reproduisent deux climats différents. La première permet d’observer « la biodiversité ordinaires des tropiques » à l’instar des bananiers ou de l’Ylang Ylang, un arbre dont on extrait « une huile essentielle très utilisée en parfumerie et en aromathérapie ». Dédiée aux milieux arides, la seconde serre abrite cactus, euphorbes et « une petite collection de plantes de l’extrême sud de Madagascar* ». A la tête de ce conservatoire depuis 2001, Jean-Gabriel Fouché est d’abord un homme de sciences. Il a commencé sa carrière comme chercheur spécialisé dans « la culture in vitro d’orchidées et la compréhension des mécanismes de floraison ». Il se décrit aujourd’hui en souriant comme un « universitaire qui a mal tourné » mais avoue « une sacrée admiration pour ces êtres vivants immobiles qui développent d’extraordinaires stratégies pour vivre bien et longtemps ».