Jean-François Lesigne
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Changer le regard des industriels sur la nature
Attaché environnement, Jean-François Lesigne développe au sein de RTE des projets qui transforment les emprises des lignes électriques en véritables corridors de biodiversité.
Et si les lignes à haute tension ne transportaient pas seulement du courant mais permettaient aussi aux oiseaux, aux insectes et aux plantes de prospérer et de se déplacer ? Cette idée apparemment farfelue est en fait un projet très sérieux et très concret. Il est conduit par Jean-Francois Lesigne. L’homme est le Monsieur environnement chez RTE (Réseau de Transport d’Electricité).Cette grande entreprise a pour mission fondamentale « d’assurer à tous l’accès à une alimentation électrique économique, sûre et propre ». En 2008, elle a décidé de « développer des espaces favorables à la biodiversité sous [ses] lignes ». Il faut dire que RTE en gère plus de 100 000 kilomètres. Ce sont des tranchées qui traversent forêts et paysages mais qui sont aussi « des espaces peu utilisés par l’homme et où paradoxalement la nature est tranquille ». Un inventaire réalisé par le Muséum national d’histoire naturel a ainsi recensé plus de 700 espèces végétales - dont de nombreuses plantes rares - sous les 330 kilomètres de lignes à haute tension d’Île-de-France.
Des corridors écologiques
Pour protéger et favoriser cette biodiversité, RTE souhaite transformer ces zones en « couloirs verts ». Pour Jean-François Lesigne, il a fallu d’abord expliquer et convaincre ses collègues : « Autrefois chez nous, la nature pouvait être vue comme l’ennemie, les arbres et les branches sont des sources de courts circuits. » Afin de prévenir les risques, la pratique des techniciens de RTE est de passer régulièrement un gyrobroyeur aux abords des lignes électriques aériennes. Aujourd’hui l’entreprise commence à y planter des « lisières étagées ». En périphérie de l’emprise, elles sont constituées d’arbres de faible hauteur comme le noisetier. A l’aplomb de la ligne, on trouve des zones d’herbes. Et pour les entretenir et éviter un débroussaillage mécanique, on y fait paître des moutons et des lamas (dans le Doubs) ou des chèvres (dans les Hautes-Alpes). « Pour chacun de ces projets, nous travaillons main dans la main avec les élus, les chasseurs, les associations de protection de la nature, les parcs naturels régionaux, les conservatoires, les réserves et les scientifiques. » Des collaborations de ce type, menées dans le cadre du programme européen LIFE1, ont par exemple conduit à restaurer d’anciennes tourbières dans les Ardennes. « Des travaux assez lourds » mais qui ont rapidement donnés des résultats : « Dès l’été suivant, on y a retrouvé des libellules et des droseras, des plantes carnivores... » Au total, plus de 600 hectares ont été transformés et aménagés.
Industrie et biodiversité
Parallèlement, Jean-François Lesigne entendait aller plus loin et convaincre d’autres grandes entreprises. Il est ainsi à l’origine de la création du CILB. Le Club des infrastructures linéaires et de la biodiversité regroupe « des opérateurs qui rencontrent la même problématique de gestion d’emprise ». En clair, des structures qui gèrent voies ferrées ou navigables, autoroutes ou gazoducs et se demandent si leurs réseaux « qui ont parfois un effet barrière et empêchent le déplacement des espèces » pourraient se transformer en « corridors écologiques ». Pour ce faire, le CILB a en particulier lancé un appel à projets de recherche avec ITTECOP2 et la FRB3. Son objectif : financer des études scientifiques sur les infrastructures de transport terrestre et les écosystèmes. Aujourd’hui des équipes de chercheurs travaillent par exemple sur « le potentiel des dépendances vertes des ITT4 pour la préservation et la dispersion des pollinisateurs sauvages », d’autres planchent sur « les processus de renaturation en tissu urbain dense en relation avec les ITT» … Jean-François Lesigne en est désormais persuadé : « Une révolution est en cours dans nos entreprises. Le regard des industriels sur la nature est en train de changer. »