Timothée Ricordeau
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Concilier production d’énergie et biodiversité
Ingénieur, responsable d’une équipe de 30 hydrauliciens et de cinq centrales hydroélectriques au cœur des Pyrénées, Timothée Ricordeau s’attache à accorder activité industrielle et respect de l’environnement.
« Ça y est, ils ont choisi leurs aires ! » s’exclame Timothée Ricordeau en raccrochant son téléphone. Comme chaque année à la même époque, le responsable EDF du groupement d'usines de Luz-Pragnères reçoit un appel du Parc national des Pyrénées. Objectif : l’informer lorsque les deux couples de gypaètes barbus du secteur choisissent les falaises sur lesquelles ils nicheront. Jusqu’à l’envol des jeunes cet été, Timothée et ses équipes ne survoleront pas ces zones en hélicoptère afin de ne pas gêner la reproduction de ce grand vautour casseur d’os. Concilier activité industrielle et préservation de l’environnement : c’est l’une des préoccupations majeures de cet ingénieur diplômé de l’Ecole des mines d’Albi. A 33 ans, il dirige dans les Hautes-Pyrénées un ensemble de cinq centrales hydroélectriques. Elles produisent assez d’électricité pour couvrir les besoins d’une ville de 315 000 habitants. Parmi ces centrales, celle de Pragnères, alimentée par 78 millions de m3 d’eau provenant de différents barrages et prises d’eau est la plus puissante des Pyrénées. Ces captages assurent « la cueillette de l’eau » dans les ruisseaux et torrents de montagne. L’eau, « la première des énergies renouvelables » comme aime le dire l’hydraulicien, est donc ici une ressource particulièrement précieuse : « Mais elle ne nous appartient pas, nous devons la partager et la protéger. »
Assurer la continuité écologique
Partager l’eau, c’est par exemple veiller au respect du « débit réservé ». Chaque semaine, les équipes de Timothée partent ainsi en montagne inspecter les captages et vérifier que des feuilles ou des branches n’empêchent pas l’eau de s’écouler. « Il s’agit d’assurer la continuité écologique, de permettre le déplacement des espèces et des sédiments » précise le responsable. Assurer l’exploitation hydraulique dans le respect de la nature, c’est aussi l’objet de la convention qui lie EDF au Parc national des Pyrénées depuis les années 1990. Ce partenariat s’est encore récemment traduit très concrètement lorsqu’il a fallu réaliser des travaux sur le barrage d'Aubert il y a plus d’un an. Ce chantier de 6 mois était destiné à améliorer l’étanchéité et la sécurité d’un ouvrage construit à plus de 2000 mètres d’altitude, au cœur de la réserve naturelle du Néouvielle. « On a ainsi posé une membrane d’étanchéité sur le parement amont du barrage, une sorte de grand liner de 4000 m². »
Le lézard, le coq et le barrage
Découverte : ce parement de pierre abrite une espèce rare et protégé : le lézard de Bonnal « À ne pas confondre avec le lézard des murailles, dont il se distingue par la forme des écailles près du nez » précise l’ingénieur devenu incollable sur ce reptile. Seule solution : déménager les lézards. « On a fait venir un expert en collaboration avec le Parc national des Pyrénées, il a capturé quarante-quatre individus » pour les installer dans un pierrier à proximité pendant toute la durée des travaux. Ces derniers terminés, on a fait faire aux lézards le trajet en sens inverse. Depuis, l’expert est revenu surveiller la santé de la petite colonie. Elle se porte très bien : « Cette année, on en a compté 83, le nombre le plus élevé jamais observé sur le site » se réjouit Timothée. Les lézards ne sont pas les seuls à avoir imposé leur rythme au chantier du barrage. Au printemps, il a aussi fallu retarder le début des journées de travail pour ne pas perturber le Grand tétras appelé aussi Grand coq de bruyère, « un animal à la prestance impressionnante ». Le trajet des ouvriers passait en effet à proximité d’une place de chant, la zone où les mâles de ces gros oiseaux de la famille des gallinacés se regroupent pour parader. Et Timothée de conclure : « Notre métier nous offre la chance de travailler en pleine nature, dans un cadre magnifique. On se doit d’être exemplaire. »