Gaëlle Perru Rouard Duc
Patrouilleuse équestre, Gaëlle participe à la surveillance et à la protection d’un site exceptionnel : le Grand Site du Salagou et de Mourèze. Ce paysage de collines arides entourant un lac abrite une faune et une flore exceptionnelles.
« Ici on nous appelle les amazones du lac ou les cowgirls » : ce « nous » désigne Camille et Gaëlle, les deux patrouilleuses équestres du Grand Site du Salagou - Cirque de Mourèze. Chaque année, de mars à novembre, elles assurent - à cheval - la surveillance de cet espace naturel magnifique au cœur de l’Hérault. Imaginez un immense miroir bleu entouré de montagnes rouges. « À certains endroits on se croirait dans le Grand canyon du Colorado, à d’autres au Mali en Afrique » affirme Gaëlle. Classé Grand Site à l’instar de la Baie de Somme ou du Marais poitevin, ce paysage abrite de nombreuses espèces végétales et animales remarquables. On y trouve par exemple un couple d’Aigles de Bonelli, l’un des rapaces les plus rares et les plus menacés de France. Ici, on croise des lézards ocellés, le plus grand lézard d’Europe ou des outardes canepetières, un oiseau des plaines qui a beaucoup souffert de l’intensification de l’agriculture. Récemment, on a découvert sur les rives du lac des traces de la présence de loutres dont « les épreintes [les crottes] ont une odeur de poisson et de miel très caractéristique ».
Le cheval : un animal magique pour sensibiliser à l’environnement
Surveiller, prévenir, sensibiliser
Chaque jour en saison, Gaëlle parcourt une vingtaine de kilomètres autour du lac. Son rôle, elle aime le comparer à celui d’une « police verte ». Il faut en effet renseigner les randonneurs et les vététistes, prévenir le stationnement sauvage, expliquer et faire respecter la réglementation (feux, déchets), « responsabiliser » les campings-caristes, comptabiliser les voitures… Et il y a du boulot : le lac du Salagou voit passer chaque année plus de 200 000 personnes venues de France et de toute l’Europe. Au quotidien, le meilleur allié de Gaëlle se nomme Ziggy « à cause de ses yeux vairons comme David Bowie ». 17 ans, 1,55 mètre au garrot, c’est un cheval de trait croisé appaloosa (le cheval des indiens). « Le cheval est un outil fantastique pour la sensibilisation. C’est un animal magique qui attire les enfants et les adultes et impose le respect. Quand on croise des gens en quad ou à moto [des véhicules interdits sur l’ensemble du site], ils s’arrêtent spontanément, on peut alors engager le dialogue. »
Des espèces invasives
La mission de Gaëlle l’amène aussi à lutter contre de redoutables envahisseurs venus d’ailleurs : les espèces exotiques invasives qui chaque jour gagnent du terrain. Dans les eaux du lac, deux plantes aquatiques, la jussie et le lagarosiphon, prolifèrent. Respectivement originaires d'Amérique du sud et d’Afrique du sud, elles menacent la biodiversité. Sur les rives, l’adversaire du gestionnaire du site a pour nom Cylindropuntia rosea. « C’est un cactus qui peut atteindre 1,50 m de haut et plus de 2 mètres d’envergure » témoigne la patrouilleuse. Ce cactus est muni d’épines redoutables. Elles peuvent traverser la peau, les chaussures et les pneus de voitures, « j’y ai même trouvé des oiseaux empalés ». Chaque année, Gaëlle prend donc part aux différentes campagnes d’arrachage. Une tâche dure mais nécessaire qui n’entame pas son enthousiasme. « Ici je m’épanouis : je suis toute la journée dehors, je participe à la gestion et à la protection d’un site magnifique » et elle réalise aussi une véritable vocation. Gaëlle patrouille autour du lac du Salagou depuis presque 10 ans, après avoir suivi une formation d’accompagnateur de tourisme équestre. « Ma mère me rappelait récemment qu’à l’âge de six ans, j’avais pour projet de travailler avec mon cheval dans la nature » : un rêve exaucé !