Marc Morel
L'îlot Nature
A l'origine, il n'y avait rien qu'un petit cerisier planté sur un carré de gazon de 200 mètres carré entouré d'une haie. Mais c'était déjà beaucoup et largement suffisant pour pouvoir mener à bien notre projet de créer un espace propice à l'accueil de la biodiversité locale sous toutes ses formes.
A l'heure où l'urgence climatique et l'extinction massive des espèces ne sont plus à démontrer et imposent un changement radical de nos comportements nous avons décidé de faire preuve de climatoptimisme et de faire notre part, à notre niveau. C'est ainsi que parmi nos attentions portées au respect de l'environnement, la création de notre refuge LPO « l’îlot Nature » nous est apparu comme une évidence, dans l'esprit de la célèbre légende du colibri, racontée par Pierre Rabhi.
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : " Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Ainsi notre arche miniature, située en espace rural prend vie au fil du temps et de nos aménagements.Nous avons semé des fleurs mellifères et à graines pour les oiseaux. Nous avons créé des massifs, disposé des pierres, des écorces, du bois flotté, ramassés sur le secteur, planté un sorbier des oiseleurs. Nous avons installé un point d’eau minuscule, pour le moment, mais très fréquenté, deux gîte pour hérissons, 3 nichoirs, des hôtels à insectes ainsi que plusieurs postes de nourrissage pour aider les oiseaux à passer l’hiver plus sereinement.
Nous laissons surtout la nature reprendre ses droits. et cela ne se fait pas attendre. Difficile de faire un inventaire comptable précis, vu que tel n’est pas notre but et que tout évolue en permanence, mais une évidence s’impose : Nous pouvons tous agir et la nature nous le rend généreusement. Notre petit carré d’herbe stérile s’est transformé en un véritable « îlot Nature » pour notre plus grand bonheur. Ainsi, nous accueillons une multitude de réfugiés climatiques réguliers, qu’ils soient moineaux domestiques, mésanges, pinsons, chardonnerets, verdiers, gros-becs casse noyaux, geais, pic-épeiche, pie, guèpes, abeilles, bourdons, lézards, ainsi que des visiteurs de passage, un lucane, un hérisson, une grenouille, un renard sans oublier quatre indésirables sangliers venus à deux reprises faire quelques travaux de terrassement dans nos massifs et carrés potager.
Mais partager la planète avec la nature et les espèces qui y vivent n’est-il pas un devoir et un enjeu majeur si l’on veut donner cette chance aux générations futures de pouvoir encore s’émerveiller du chant d’un oiseau, d’une baleine, ou du simple spectacle d’une abeille butinant le nectar d’une fleur sauvage ?
A chacun d’y penser et de faire sa part. Les gouttes d’eau ne finissent-elles pas par faire les océans ?