Estelle Salou-Phung et Emilie Cardon, RTE
RTE est partenaire de la Fête de la Nature depuis 2010. Estelle Salou-Phung et Emilie Cardon y animent, chacune dans ses fonctions, les travaux du groupe environnement. Un réseau transversal de salariés impliqués sur ce sujet. La Fête de la Nature permet de matérialiser les enjeux sur lesquels elles œuvrent au quotidien.
Estelle Salou-Phung
Estelle Salou-Phung est responsable du groupe environnement de RTE. Ce groupe de salariés est transversal, en charge de co-construire la stratégie environnementale. Et de la conduire ! « Je travaille dans la direction en charge de l’environnement. J'ai pour mission, avec mon équipe, de co-construire la stratégie environnementale de RTE, de la conduire opérationnellement, d'animer le système de management de l’environnement, et de coordonner tous les acteurs de l’entreprise qui interviennent dans l’environnement. C'est un accompagnement crucial pour que l’ambition fixée par l’entreprise soit atteinte ».
Estelle est née en Bretagne, issue d’une famille d’agriculteurs. Comme beaucoup de "ruraux", elle a migré vers une vie urbaine dont elle aime les palpitations. « Mais j'ai ressenti le besoin de retrouver cette vie plus proche de la nature. Du point de vue sensoriel, émotionnel, je trouve que c'est vital. Et pour mon équilibre personnel, j’ai eu besoin de retrouver une proximité avec la nature. ». Une inspiration ? « J’ai été marquée par un livre de Jacques Tassin : L’écologie du sensible. Il explique l’enjeu à renouer avec la nature via une dimension, non seulement scientifique mais humaine et sensible . Elle se traduit par des émotions qui accroîtront la sensibilité au vivant, et la nécessité à réinstaurer un lien avec la nature dès le plus jeune âge ».
Estelle Salou-Phung est juriste de formation, spécialisée en droit de l’énergie et de l’environnement. Elle a exercé l’essentiel de sa carrière dans des fonctions juridiques. Puis elle a décidé de rejoindre la RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale) et en particulier l’environnement. Comment concilier les actions industrielles avec les enjeux climatiques, de préservation de la biodiversité, éviter la pollution, consommer de manière réfléchie et responsable les matières premières pour que ça n’impacte pas abusivement d’autres aspects ? « Cela faisait sens pour moi de faire avancer ces enjeux. La transition écologique passera par l’énergétique. Les réseaux, notamment ceux de RTE, sont clés pour lutter contre le réchauffement climatique. Le système électrique peut se décarboner grâce aux mesures que nous prenons. J’ai la chance d'agir avec une équipe, en faveur d'une meilleure prise en compte des enjeux de l’environnement, de la nature. J'ai une position transversale et je suis en mesure de porter le sens de ces actions, avec l'objectif que les autres acteurs les comprennent davantage et s'en fassent le relais ».
Estelle Salou-Phung : « On parle des enjeux liés à la biodiversité quotidiennement, mais ça peut paraît très théorique. L'intérêt de la Fête de la Nature, c’est de permettre aux gens d’aller vivre un moment dans la nature. De matérialiser ces enjeux »
Emilie Cardon
Emilie Cardon est membre de l’équipe d’Estelle Salou Phung. Elle se consacre à la biodiversité. Après 2 années au sein de la Direction de la Responsabilité Sociale et Environnementale, rejoindre le groupe environnement apparaissait comme une continuité. Emilie est ingénieure. Licence de biologie biochimie, puis école de biologie, elle complète ses études par un Master spécialisé en gestion de l’environnement. « J’ai toujours eu l’esprit scientifique, l’envie de comprendre. Les sciences de la vie ont répondu à mon besoin de mieux connaître le vivant. Je trouve ça passionnant tout ce qui se passe dans la nature ! Mais on s'aperçoit aussi que les humains la dégradent beaucoup. Aujourd’hui, ça m'est inadmissible. C’est pour ça que j’en ai fait mon métier ».
Emilie a un parcours inverse à celui d'Estelle : francilienne, très urbaine ! Mais faisant souvent des balades en forêt avec sa famille, des occasions de contact avec la nature. « Ça me faisait beaucoup de bien. J’ai été membre des Scouts et Guides de France, la protection de l’environnement, la vie dans la nature et vivre ensemble sont des piliers forts de ce mouvement et m’ont marquée. J'ai à cœur de défendre ça, mais aussi de le transmettre ». Une phrase a marqué Emilie "On ne peut pas protéger ce qu'on ne connait pas". « En plus de l’aspect émotionnel, il faut arriver à faire comprendre. Si on ne sait même pas ce que sont les espèces qui nous entourent, on aura du mal à les défendre et à les préserver. J'anime des fresques de la biodiversité. Parfois, j’entends des remarques qui me font penser qu'il y a encore du travail... Je trouve fou qu’on soit arrivé à cet extrême de se croire détaché du vivant, alors qu'on en fait partie et qu'on en dépend. »
Rejoindre RTE, c'était pour Emilie affirmer le rôle essentiel du service public : « On ne peut pas vivre sans électricité... Que nos infrastructures soient plus respectueuses du vivant, c’est ma préoccupation ! Dans le groupe environnement, on est une trentaine, répartis par thématique. Moi, je suis dans l’équipe biodiversité avec une poignée de collègues. On propose des solutions pour baliser les lignes et protéger les oiseaux, on réfléchit à une gestion durable de la végétation. On pilote les actions et leurs suivis avec nos directions régionales. En plus de la Fête de la Nature, je fais aussi le lien avec d'autres partenaires nationaux : la Ligue de la Protection des Oiseaux, les gestionnaires d'espaces naturels, France Nature Environnement. J'ai un rôle de coordination et de sensibilisation dès qu’il y a un sujet lié au vivant. »
Emile Cardon : « En interne à RTE, on doit expliquer pourquoi on accorde autant d'importance au vivant. S’impliquer dans la Fête de la Nature c’ést aussi permettre à nos collaborateurs de rejoindre cette démarche »
Faire coexister nos ouvrages et l’environnement
RTE à trois fonctions : fournir aux pouvoirs publics des rapports et études prospectives ; transporter l’électricité et assurer à tout moment les flux sur les réseaux électriques ; optimiser des flux sur les réseaux de transports. RTE et la biodiversité, c’est une histoire longue de 30 ans. La biodiversité est prise en compte dès l’implantation des infrastructures, pour limiter l’impact. Les lignes peuvent avoir une durée d’exploitation d'au moins 80 ans. Cela nécessite parfois d’importantes interventions sur la végétation. Il y a 30 ans RTE a cartographié les zones sensibles pour les oiseaux. Ainsi, pour limiter les risques de collisions avec les espèces, des balisage de lignes ont été mis en place.
En 2017, RTE initie le projet Life BELIVE (BiodiversitE sous les LIgnes par la Valorisation des Emprises) pour accompagner la gestion innovante de la végétation dans les emprises forestières des lignes électriques. RTE va devoir développer un réseau considérable, inédit en France (100 milliards d’investissement jusqu’en 2040 !). Donc beaucoup de lignes, de postes, d’ouvrages offshore et d'interconnexion. C'est pour RTE un énorme enjeu de respecter la biodiversité dans ce développement.
RTE est impliquée dans la Fête de la Nature depuis 13 ans. L'entreprise apporte un soutien financier et prend part aux travaux du comité de pilotage de l’événement. Emilie suit tout particulièrement ce sujet. « En interne à RTE, on doit expliquer pourquoi on accorde autant d'importance au vivant. S’impliquer dans la Fête de la Nature c’est aussi permettre à nos collaborateurs de rejoindre cette démarche ». RTE organisera pour la Fête de la Nature 2024 des animations qui rencontrent régulièrement un grand succès. En Charente-Martime par exemple, les écoles sont invitées en partenariat avec la LPO à venir observer les cigognes blanches qui nichent sur les pylônes électriques. « Nos équipes sont fières de montrer qu’on arrive à cohabiter avec les cigognes. D’autres animations avec des gestionnaires d’espaces naturels auront lieu sous nos lignes ». Et RTE fait de l'année 2024 son fil rouge "biodiversité" !
La Fête de la Nature permet de matérialiser les enjeux
Pour Estelle : « On parle des enjeux liés à la biodiversité quotidiennement, mais ça peut paraître très théorique. L'intérêt de la Fête de la Nature, c’est de permettre aux gens d’aller vivre un moment dans la nature. De matérialiser ces enjeux. Avec des pairs et pas que des sachants ». Estelle aimerait que cette fête soit plus fréquente que quelques jours par an. « Comme la journée internationale des droits de la femme : c’est important mais ce n'est pas assez ». Emilie complète : « Notre philosophie d’entreprise c'est de ne pas voir la nature comme un inconvénient mais plutôt de se dire "comment on peut collaborer avec". Corridors écologiques, trames vertes, comment notre infrastructure pourtant industrielle pourrait cohabiter et même contribuer au vivant. Ça rejoint la philosophie de la Fête de la Nature. On a tout intérêt et toute envie de partager ces réflexions et ces actions pour faire de la fête une réussite tous les ans ». Emilie souhaite, comme beaucoup d'acteurs du projet, que la Fête de la Nature soit aussi connue que la Fête de la Musique ! « Pas seulement pour un objectif de chiffres ou notoriété, mais que ça voudra dire quelque chose de l’évolution de notre société et nos mentalités : nature et vivant auront pris plus de place qu’aujourd'hui, j'aurai un sentiment de victoire ! ».